- PRAIRIES ET FOURRAGES
- PRAIRIES ET FOURRAGESLe mot «fourrage» désigne l’ensemble des produits végétaux destinés à l’alimentation de certains animaux domestiques, les herbivores, élevés principalement pour leur lait ou leur viande.Il s’agit en fait de l’herbe des prairies et de plantes annuelles très variées. Non commercialisables, ou très rarement, les fourrages sont donc des produits de transformation valorisés par l’animal, soit directement en vert (pâturage ou affouragement), soit après conservation, sous forme de produits secs (foin séché aux champs ou, artificiellement, en grange; fourrage déshydraté) ou d’ensilage (produits de richesse variable en matière sèche: de 15 à 20 p. 100 pour l’ensilage direct; 30 p. 100 pour l’ensilage préfané; 40 à 50 p. 100 pour le haylage ).Dans la conjoncture actuelle, l’amélioration du revenu de l’élevage, secteur où le jeu de la concurrence se fait sentir de plus en plus, est très étroitement liée à la diminution des coûts de production. Cet objectif ne peut être atteint que par une pleine utilisation des ressources fourragères de l’exploitation, et en particulier par un accroissement de la part prise par la prairie dans l’alimentation animale.1. Divers types de fourragesL’utilisation de surfaces enherbées naturellement est une pratique très ancienne. Avant de savoir cultiver, l’homme a été pasteur; très tôt, il a su tirer parti de l’herbe, impropre à sa consommation. Pendant longtemps ces formations végétales spontanées ont assuré l’alimentation exclusive de certains animaux d’élevage; de nos jours, dans les pays situés à des latitudes ou altitudes élevées, où les températures ou la durée du jour ne permettent pas la récolte de certaines cultures à maturité, elles occupent la presque totalité des surfaces consacrées à l’agriculture. En Islande, par exemple, 98 p. 100 de la surface agricole utile est en herbe. De même, dans les zones sèches au voisinage des déserts ou sur les sols peu fertiles, les formations herbacées constituent pratiquement la seule ressource agricole.Dans le monde, on estime, en 1988, que 51 p. 100 environ de la surface agricole utile (S.A.U.) est en herbe , appellation qui désigne en fait des végétaux très variés, appartenant principalement aux familles des Graminées et des Légumineuses. De qualité très inégale, ces formations herbacées se nomment différemment selon les lieux: pampas ou llanos en Amérique du Sud, savane sous les tropiques, range en Australie, sour veld en Afrique du Sud, prairies sous les climats tempérés, etc.D’une façon générale, le mode d’exploitation de ces surfaces revêt encore un caractère très extensif et conduit à une productivité assez faible qui, bien souvent, pourrait être considérablement améliorée.En revanche, la culture des plantes fourragères est un phénomène assez récent. Il est vrai qu’en Europe, dès le XVIe siècle, des agronomes s’étaient préoccupés de telles cultures; en France, en dehors de l’utilisation de zones enherbées naturellement, prises sur la forêt ou sur des terres incultivables, Olivier de Serres mentionnait le sainfoin, les vesces, la luzerne, le trèfle et le ray-grass comme cultures faites spécialement pour l’alimentation du bétail.Au XVIIIe siècle, l’ancien assolement, blé-avoine-jachère, se transforme; les plantes à racines sont utilisées pour cultiver la jachère; c’est également à la fin de ce siècle que les agronomes anglais commencent à préconiser l’introduction de la prairie dans l’assolement, technique connue de nos jours sous le nom de ley farming .Depuis 1950 environ, on assiste à un regain d’attention pour les productions fourragères, au détriment des prairies naturelles. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’intensification de l’élevage due à l’accroissement de la consommation humaine en protéines animales imposait en effet d’améliorer les conditions techniques et économiques de la production. Le problème de l’alimentation, poste qui représente en moyenne 60 p. 100 des charges engagées pour les productions animales, est apparu capital car, comme le soulignait alors F. Laurent, l’alimentation des animaux était peut-être la technique agricole sur laquelle les plus faibles progrès avaient été réalisés. En 1948, R. Dumont, analysant le problème fourrager français, n’hésitait pas à dire: «L’intensification fourragère constitue notre problème clef, celui sur lequel doit être concentré le maximum d’efforts, et non seulement parce qu’il porte sur la plus grande surface. En effet, c’est aussi dans ce domaine que les plus fortes et les plus rapides augmentations de production peuvent être réalisées.»De nos jours, la superficie consacrée en France aux productions fourragères représente, avec 16 millions d’hectares environ, près de 52 p. 100 de la surface agricole utile. Pour cette branche importante de la production végétale, la classification courante distingue les prairies permanentes ou naturelles, les prairies semées dites temporaires ou artificielles, les fourrages annuels.Les prairies permanentes ou naturellesLes prairies permanentes ou naturelles hors assolement sont dites aussi surfaces toujours en herbe (S.T.H.), engazonnées naturellement ou semées depuis fort longtemps, ce qui revient au même, offrant donc une flore complexe, susceptible d’évoluer dans de larges proportions sous l’action de nombreux facteurs, et en particulier des modes d’exploitation très souvent extensifs qui leur sont appliqués. Elles intéressent généralement des sols inaccessibles à la charrue ou difficiles à travailler.À lui seul, ce type de prairies représente en France 38,2 p. 100 de la S.A.U. Pour l’Union européenne, le pourcentage est de 35,2 p. 100 (54,2 p. 100 pour les PaysBas, 24,4 p. 100 pour l’Italie). Il y a 10 214 000 hectares dans le monde, dont 1 643 000 hectares de landes, alpages peu productifs.Parmi les prairies permanentes, on distinguait classiquement plusieurs catégories:– les prés de fauche , comme leur nom l’indique, sont des prairies destinées à produire du foin; les regains ou repousses peuvent parfois être pâturés ou fauchés;– les herbages désignent des prairies permanentes relativement riches, pâturées par des bovins et qui permettent éventuellement leur engraissement;– les pâturages sont des prairies de qualité inférieure aux précédentes permettant d’entretenir à la pâture un bétail, sans qu’il soit possible de l’y engraisser;– les pacages sont de mauvais pâturages, destinés à un bétail plus rustique tel que le mouton.Mais cette classification tend de plus en plus à être abandonnée, car elle ne tient pas compte des possibilités d’amélioration des sols liées à l’application de techniques nouvelles.Les prairies temporairesOutre leur capacité de production plus élevée que celle des prairies permanentes, les prairies temporaires se distinguent de celles-ci par le fait qu’elles sont incluses dans l’assolement. Ce sont donc des prairies qui succèdent à une autre culture, qui sont semées, pâturées ou fauchées, conservées pendant une durée limitée et retournées quand leur productivité cesse d’être satisfaisante, pour laisser la place à une autre culture qui peut bénéficier de ce remarquable précédent; en effet, l’amélioration de structure et de fertilité des sols apportée par la prairie est un phénomène maintenant bien connu. Les travaux de S. Hénin ont souligné l’action bénéfique de la prairie dans tous les sols difficiles à travailler ou peu fertiles. L’introduction de cette culture d’herbe dans l’assolement permet de diversifier la vocation agricole de certaines régions, en autorisant de nouvelles cultures réservées jusqu’alors aux terres naturellement riches. Ces prairies temporaires sont soumises à un système d’exploitation plus intensif et conduisent à un accroissement des ressources fourragères même dans des zones réputées autrefois peu favorables à la production d’herbe.Les prairies dites artificielles sont, comme les précédentes, des prairies entrant dans l’assolement. La distinction avec les prairies temporaires est actuellement assez subtile. En fait, elles sont ainsi dénommées parce que leur flore, constituée essentiellement d’une Légumineuse (luzerne, trèfle violet ou sainfoin) introduite artificiellement et traditionnellement exploitée en fauche, n’est pas le reflet d’un peuplement naturel de prairie; mais la pratique de plus en plus courante d’établir ces deux types de prairies à partir d’un mélange très simple d’espèces (généralement une seule Graminée associée à une Légumineuse) conduit dans les deux cas à l’obtention d’une flore assez distincte de celle d’une prairie naturelle et à des modes d’exploitation variés, en pâture aussi bien qu’en fauche.Les fourrages annuelsLes fourrages annuels intéressent des cultures qui occupent le sol une partie de l’année. Contrairement aux prairies, les fourrages annuels ont donc une durée de végétation réduite, de sorte que l’on peut, sur une même sole, réaliser deux et parfois trois cultures par an, dans les conditions les plus favorables. Certaines plantes s’intercalent même entre deux cultures principales et sont traitées alors en cultures dérobées. Par ailleurs, alors que les prairies peuvent être fauchées plusieurs fois dans l’année, les fourrages annuels ne font l’objet, très généralement, que d’une seule récolte. Les plantes auxquelles il est fait appel sont très variées puisque l’on trouve dans cette catégorie des Légumineuses (pois, vesce, féverole, trèfle incarnat...), des Graminées (maïs, sorgho, avoine, orge, escourgeon, blé, seigle...), des Crucifères (chou, navette, colza...) et, parmi les plantes à racines et tubercules, la betterave, la pomme de terre et le topinambour, pour ne citer que les principales.D’une façon générale, ces fourrages sont considérés comme une production d’appoint pour constituer des réserves d’hiver ou prendre le relais de la prairie à une époque difficile de l’année.2. Productivité des prairiesLa situation en FranceUne évaluation des ressources fourragères françaises, établie par le ministère de l’Agriculture, précise la contribution respective de chaque catégorie de surfaces fourragères (cf. tableau).À l’examen de ces chiffres, on est frappé par la différence de rendement qui existe entre les fourrages annuels et les prairies. Ce décalage ne traduit-il pas une différence d’intensité dans l’action de l’homme?Il est, certes, beaucoup plus difficile de réaliser un progrès, quel qu’il soit, sur des plantes pluriannuelles, comme dans le cas des prairies, que sur une culture annuelle, généralement mieux connue, que l’on se contente de semer et de récolter à un stade bien déterminé. Pour les plantes vivaces, chaque intervention a une incidence immédiate et peut, de plus, avoir des répercussions à longue échéance. Par ailleurs, si les fourrages annuels ont toujours été considérés comme des cultures au plein sens du terme, impliquant des techniques précises, et ont bénéficié tout naturellement des améliorations apportées aux autres productions végétales classiques, l’herbe des prairies a été longtemps regardée comme un produit spontané, une sorte de don de la nature, ne nécessitant aucune intervention directe de l’homme. Cette ancienne conception, qui, dans bien des cas, continue de prévaloir aujourd’hui, conduit à une utilisation très extensive des prairies. Certaines zones, dites herbagères, en sont encore au stade de l’économie de cueillette héritée du nomadisme des premiers pasteurs. Un tel système, qui exclut toute prévision, se traduit obligatoirement par une production faible et aléatoire, dépendant étroitement des variations climatiques.En fait, de récentes études ont souligné tout le profit qui pouvait être retiré de ces surfaces vertes dont les potentialités de production permettent d’espérer des rendements deux ou trois fois supérieurs aux rendements actuels. En effet, correctement exploitée, l’herbe reste l’aliment le plus sain, le mieux adapté aux besoins des ruminants et le plus économique: elle apporte en particulier, dans la ration de l’animal, l’énergie et les protéines indispensables, et sa consommation en quantité plus importante permet de limiter les achats toujours onéreux d’aliments complémentaires. Cette remarque n’est pas sans intérêt, dans la mesure où l’un des objectifs à atteindre est d’abaisser les prix de revient des productions animales.Principaux facteurs d’améliorationDifférentes possibilités d’amélioration de la productivité des prairies ressortent des études entreprises durant les années 1960, qui mettent en évidence l’intervention de plusieurs facteurs; en France, R. Mayer et J. Rebischung en ont été les promoteurs.Le matériel végétalLa réussite des efforts d’amélioration d’une prairie dépend du matériel végétal et de la façon dont il réagit. C’est particulièrement vrai pour l’irrigation: des espèces comme la luzerne, le dactyle, la fétuque élevée rentabilisent au mieux les apports d’eau; il n’en est pas de même d’autres espèces dont la croissance est stoppée à des températures élevées.La présence de certaines espèces dans la flore des prairies permanentes est le préalable à toute action d’intensification. En effet, les nombreuses espèces prairiales n’ont pas toutes la même valeur agronomique: quelques-unes sont plus productives que d’autres et présentent une meilleure valeur alimentaire. Les inventaires de flore effectués dans les années 1960 par L. Hédin et M. Kerguelen dans des zones herbagères très différentes ont permis de souligner l’opportunité de travaux d’amélioration ou au contraire la disproportion entre les efforts à consentir et les possibilités de rendement de la prairie. À la limite, la médiocrité de la flore conduit, dans certains cas, à retourner la prairie et à la ressemer. Les recherches en matière de sélection des plantes fourragères ont abouti à la création de variétés aux caractéristiques bien précises. La possibilité de choisir, dès le départ, un matériel végétal connu et adapté aux conditions de culture offre de multiples avantages.La sélection s’est intéressée aux espèces les mieux adaptées aux conditions françaises d’utilisation: dactyle, fétuque élevée, fétuque des prés, ray-grass et fléole pour les Graminées; luzerne, trèfle violet et sainfoin pour les Légumineuses. Les variétés créées au sein de chaque espèce possèdent divers caractères qui leur confèrent une supériorité indéniable sur les populations naturelles dont elles sont issues:– une meilleure productivité en matière sèche, mais surtout en unités fourragères, grâce au choix de types particulièrement feuillus;– une meilleure valeur alimentaire (la richesse en éléments nutritifs et le fait qu’elles soient acceptées par les animaux constituent des critères importants de sélection);– une plus grande sécurité de rendements, grâce à une résistance accrue aux principaux agents climatiques (froid, sécheresse) ou parasitaires;– une plus grande souplesse d’exploitation en fauche ou en pâture;– une gamme très étendue de précocité au sein de chaque espèce.En effet, l’intérêt de ce nouveau matériel végétal sélectionné n’est pas seulement de conduire à une production annuelle élevée, mais d’assurer une meilleure répartition de cette production au cours de l’année. Il en résulte un avantage certain sur la prairie permanente dont la production reste fort irrégulière, excédentaire au printemps et déficitaire le reste de l’année.Entre les espèces, d’une part, et entre les variétés d’une même espèce, d’autre part, les époques de production optimale sont très différentes. Mais ces différences de rythme, de croissance et de développement, propres à chacune de ces variétés, impliquent des traitements eux-mêmes spécifiques, ce qui exclut la possibilité de les utiliser en mélange. Les variétés fourragères actuelles ont été faites pour se compléter les unes les autres, non plus dans un mélange, mais dans un calendrier de production.La fertilisationL’herbe étant fortement minéralisée, le prélèvement d’éléments fertilisants que représente l’exploitation des prairies est considérable. L’absence de fertilisation limite les possibilités de rendement et entraîne généralement une dégradation rapide de la flore: des espèces spontanées, peu exigeantes mais aussi peu productives, ont tendance à s’installer au détriment d’autres, plus intéressantes.Les expériences, effectuées surtout depuis une dizaine d’années, ont montré que l’on pouvait attendre d’une fertilisation raisonnée des résultats assez spectaculaires. L’application d’engrais sur certaines prairies permanentes améliore la composition de la flore, en y favorisant l’extension des espèces productives, et conduit à des rendements deux à trois fois supérieurs à ceux des prairies environnantes non fertilisées. La culture des variétés sélectionnées pour leur haute capacité de production est capable de rentabiliser de très fortes doses d’engrais. En particulier, on a constaté que certaines Graminées fourragères répondaient de façon linéaire à l’accroissement des apports de fumure azotée, dans l’intervalle de 0 à 400 kilogrammes d’élément pur par hectare. Cela met en évidence les possibilités de progrès, surtout si l’on compare ces quantités à celles encore couramment apportées et qui n’excèdent pas, en moyenne par hectare et par an, une vingtaine d’unités fourragères.Le rythme d’exploitation de la prairieL’exploitation rationnelle des prairies doit satisfaire à la fois les exigences de la plante et celles de l’animal. La date de première exploitation au printemps, le temps de repos accordé entre deux exploitations successives, la date de dernière exploitation, les époques d’application d’engrais ont une influence considérable sur le rendement de la prairie. D’autre part, on a mis en évidence la liaison étroite existant entre la valeur alimentaire des plantes fourragères et la date à laquelle elles sont récoltées. Deux variétés différentes, récoltées chacune à un stade physiologique convenable, offrent pratiquement la même valeur alimentaire. En revanche, la même variété, récoltée à deux stades différents, peut perdre le tiers de sa valeur alimentaire. Ainsi, avec une même variété de dactyle distribuée à volonté à des vaches laitières sans autre aliment complémentaire, on constate une baisse considérable de la production journalière: elle passe de dix-neuf à sept litres de lait seulement selon que la récolte est faite au stade «début montaison» ou, un mois plus tard, au stade «fin épiaison». La présence dans une même prairie d’un grand nombre d’espèces qui diffèrent par leur rythme de croissance conduit donc à récolter ensemble des plantes à des stades qui ne correspondent pas à l’optimum de leur production. Il s’ensuit un gaspillage et une chute des productions animales à l’unité de surface. En revanche, la présence dans une même exploitation d’une série de prairies cultivées, établies chacune avec une variété de précocité différente, permet un véritable échelonnement de la production. Cette technique assure une meilleure utilisation de l’herbe, qu’il est plus facile de récolter au bon moment, que ce soit en fauche ou en pâture; elle permet donc de mieux alimenter les animaux, d’allonger la période de pâturage et d’assurer un meilleur amortissement du matériel de récolte.L’utilisation des prairiesAccroître la production des prairies sans résoudre les problèmes liés à son utilisation n’aurait aucun sens. La transformation de l’herbe en produits animaux s’accompagne de «pertes» plus ou moins importantes selon la technique pratiquée, et qui affectent la quantité, mais surtout la qualité du produit récolté, pertes par gaspillage au pâturage ou pertes d’origines diverses entre la coupe et la conservation, s’il s’agit de stocker cette production. L’intensification de la production ne présente d’intérêt que dans la mesure où il est fait appel à des procédés permettant de réduire au mieux la différence qui existe trop souvent entre les quantités produites et celles réellement utilisées.Des chercheurs, ingénieurs et techniciens, conscients de l’importance de ce problème, ont étudié des méthodes simples, permettant de réduire ces pertes dans des conditions économiques acceptables.Dans de nombreuses situations, il reste avantageux de faire consommer par l’animal l’herbe sur pied. Le pâturage rationné à l’aide de clôtures électriques, qui permettent d’ajuster les quantités disponibles aux besoins du troupeau, réduit sensiblement le gaspillage qu’entraînait l’ancienne pratique du pâturage libre. Il a l’avantage de ne nécessiter aucuns frais de main-d’œuvre, et peu de frais d’équipement et de fonctionnement. Dans quelques cas, lorsque la pâture pose des problèmes particuliers d’organisation (éloignement des parcelles, importance du troupeau), on peut pratiquer l’affouragement en vert, qui consiste à distribuer aux bêtes, maintenues en stabulation, le fourrage vert récolté chaque jour. Mais ces deux modes d’utilisation ne peuvent assurer l’alimentation des animaux en dehors de la période de pousse de la végétation. On doit, durant trois à sept mois de l’année selon les régions, résoudre le problème de l’alimentation du troupeau avec des fourrages conservés et donc réserver une partie de la production à cette fin. Les techniques de fanage ou d’ensilage se sont beaucoup améliorées et conduisent à un produit de meilleure qualité: ventilation en grange qui, par rapport à la technique du fanage au champ, permet de réduire la durée d’exposition du fourrage aux intempéries; ensilage sous bâches plastiques ou à l’aide de conservateurs qui rendent plus sûr l’emploi de ce procédé connu depuis longtemps. D’autres procédés sont actuellement en cours d’étude: la déshydratation des fourrages, qui permet de réduire considérablement les pertes à la récolte, connaîtra peut-être un jour un certain développement; actuellement, d’un coût relativement élevé, elle reste d’un emploi limité.Chacun des facteurs précédemment étudiés est capable d’accroître sensiblement le rendement réel de la prairie. Il serait cependant déraisonnable, si l’on envisage d’intensifier la production, de se contenter de le faire intervenir séparément. En effet, d’un point de vue économique, les frais supplémentaires engagés par l’adoption d’un système de production peu intensifié ne sont pas compensés par le faible accroissement de rendement qui en résulte, et le prix de l’unité fourragère produite a tendance à augmenter. En revanche, une intensification plus poussée conduit à un niveau de production plus élevé et finalement à une diminution du prix de revient unitaire de l’herbe.
Encyclopédie Universelle. 2012.